Muzak (1922-2013) : Rest in Peace
Dans la 4ème édition de Marketing sensoriel du point de vente, nous parlions encore de Muzak. La 5ème édition n’en parlera plus puisque MoodMedia qui avait racheté la société il y a deux ans a décidé d’enterrer la marque le mois dernier ! Retour sur un véritable phénomène ! Muzak, a été crée en 1922 pour fournir de la musique fonctionnelle, background music, appelée Muzak ! Contraction de music et Kodak (…)
(…) société avec laquelle le fondateur de Muzak venait de s’associer, cette musique correspond à un réenregistrement de titres connus selon des règles précises : pas de cuivre, pas de percussion, pas de voix, etc. Cela doit être une musique qui habille un lieu sans distraire ou attirer l’attention.
A partir de 1937, la Muzak était diffuser dans les ateliers et les usines pour doper la productivité des employés en diminuant la tension nerveuse lors du travail, en évitant la monotonie et l’ennui sans pour autant modifier l’attention portée au travail, en créant un sentiment de confort dans le travail, etc. (Bilheust, 1978). Dans les années 70, Muzak propose sa musique aux surfaces de vente et devient un énorme succès aux Etats-Unis. Depuis les années 80, elle fait l’objet de critiques : le rocker Ted Nugent voulait racheter l’entreprise pour s’en débarrasser. Evidemment, personne n’imaginait la chose possible. Elle continue de faire l’objet de virulentes critiques de certains consommateurs qui sont entrés en résistance à l’égard de cette musique imposée et non choisie : c’est le Pipedown Protest. Mais pour autant la marque Muzak vient d’être définitivement enterrée par son propriétaire MoodMedia. Annoncée il y a deux mois, Lorne Abony, PDG de Mood a reconnu que « c’est la fin d’une marque américaine iconique ». Elle faisait en effet partie des rares marques à désigner un objet en soi, à l’instar de Kleenex ou de Frigidaire, ici, la musique d’ascenseur.
La marque Muzak fut victime de la restructuration d’entreprise qui agite le groupe MoodMedia suite aux nombreux rachats récents. Pour Randnal Rudniski, VP Relations investisseurs chez Mood Media : « notre première intention n’était pas de fermer Muzak, mais de l’acheter pour élargir notre portfolio. Mais (…) il est devenu nécessaire d’unifier tous nos services sous un seul et même nom : le nôtre ». Certains ont évidemment avancé que ce choix avait été motivé pour s’écarter de la marque critiquée, car bien qu’ayant grandement diversifié son catalogue, Muzak restait beaucoup perçue comme de la guimauve musicale qu’on entend dans les centres commerciaux ou les salles d’attente (source : lapresse.ca).
Cette théorie est rejetée de la part des dirigeants de Mood pour qui restaurer la marque Muzak était une option. La stratégie d’entreprise en a décider autrement. Le rachat de Muzak par MoodMedia a apporté à l’entreprise Nord-Américaine près de 300 000 commerces et 5 millions de titres musicaux sur les 500 000 actuellement gérés par ce qui est aujourd’hui le leader mondial du sujet (suite au rachat de MoodMedia par FluidMusic, puis à celui de Muzak et DMX par MoodMedia). Il va falloir quand même un peu de temps avant de ne plus avoir accès du tout à du matériel siglé Muzak.